Le projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique, présenté en Conseil des ministres le 5 février, contient une disposition sur l’intéressement. Avec ce texte, les employeurs de moins de 11 salariés pourront mettre en place un dispositif d’intéressement par décision unilatérale. Le projet fusionne également plusieurs commissions consultatives au niveau national.

C’est une mesure de plus qui s’ajoute au régime de l’intéressement, déjà récemment modifié par la loi Pacte du 22 mai 2019 et la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020. Sans compter la mesure inscrite dans le projet de loi portant diverses mesures d’ordre social, présenté le 13 novembre dernier en Conseil des ministres et toujours en attente d’examen au Parlement. Ce dernier prévoit que la durée des accords d’intéressement pourra désormais osciller entre un et trois ans. 

Si le nouveau projet de loi présenté le 5 février en Conseil des ministres est adopté en l’état, les entreprises de moins de 11 salariés pourront – sous certaines conditions – mettre en place un dispositif d’intéressement par décision unilatérale de l’employeur. 

Mise en place de l’intéressement par DUE dans les entreprises de moins de 11 salariés

Actuellement, l’intéressement peut être mis en place par un accord d’entreprise négocié avec les représentants du personnel ou par la voie d’un projet d’accord soumis aux salariés par la voie d’un référendum ; l’accord doit être ratifié à la majorité des deux tiers des salariés. Dans les entreprises de moins de 50 salariés, il peut l’être par décision unilatérale de l’employeur lorsqu’il existe un accord de branche qui propose un seul modèle sans option. 

Pour faire face à la très faible couverture des très petites entreprises par un accord d’intéressement, le gouvernement propose dans ce texte, à son article 43, de permettre aux entreprises de moins de 11 salariés de pouvoir mettre en place un dispositif d’intéressement par décision unilatérale de l’employeur. Le gouvernement déplore en effet que « seulement 3 % environ des salariés des entreprises de 1 à 9 salariés sont couverts par un accord d’intéressement en 2017 contre 30 % environ sur l’ensemble des entreprises ». 

Il existe toutefois une double condition à cette mesure : 

  1. La TPE doit être dépourvue de délégué syndical ou de membre élu de la délégation du personnel du CSE, « afin de ne pas ajouter un effet de seuil, tout en ciblant la mesure sur les entreprises les moins concernées par l’intéressement », explique l’exposé des motifs du projet de loi ; 
  2. Aucun accord d’intéressement ne doit avoir été conclu depuis au moins cinq années avant la date d’effet de cette décision.

A noter : l’étude d’impact évoque, elle, la condition qu’aucun accord n’ait été signé au moins pendant les trois années précédentes (et non cinq années comme le projet de loi). Il faut donc faire preuve de prudence sur cette condition tant que l’examen au Parlement n’a pas débuté. 

Cette décision unilatérale, applicable pendant trois ans, devra reprendre l’ensemble des clauses obligatoires d’un accord d’intéressement et assurer de la même façon l’information des salariés et le suivi de l’intéressement. A l’issue de la période triennale, le dispositif pourra être renouvelé, mais seulement par la voie d’un accord collectif. 

A noter : le gouvernement passe outre l’avis du Conseil d’Etat qui avait émis des réserves sur cette disposition, estimant que Le Conseil d’Etat estime que cette mesure a « nécessairement des incidences sur l’équilibre financier » et qu’elle n’a pas été soumise à la consultation de la Caisse nationale de l’assurance maladie, de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, de la Caisse nationale des allocations familiales, de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale, de la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles et de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole ». 

 

Fusion de plusieurs instances consultatives au sein de la CNNCEFP, la commission nationale de la négociation collective

Parmi les dispositions disparates du projet de loi visant à « accélérer et simplifier l’action publique » figure une simplification des instances consultatives du dialogue social au niveau national. L’article 15 procède ainsi à la fusion du Haut conseil du dialogue social (HCDS), du Conseil d’orientation de la participation, de l’intéressement et de l’actionnariat salarié (Copiesas) et de la commission des accords de retraite et de prévoyance (Comarep) au sein de la commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle (CNNCEFP). Cette fusion fait suite à celle du CNNC (commission nationale de la négociation collective) et du Cnefop (Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle). 

Les attributions de la CNNCEFP seront complétées en matière de représentativité des organisations ainsi que de participation, d’intéressement, d’épargne salariale et d’actionnariat salarié. Cet organisme intégrera également les missions dévolues à la Comarep (commission des accords de retraite et de prévoyance)

Source – Actuel CE