Au cours des sept dernier mois, les juges ont dégagé plusieurs nouvelles solutions qui intéressent directement vos mandats et les droits des salariés que vous représentez. Notre classement par thèmes des 30 principales solutions à retenir.
Budgets du CE/CSE

 

Utilisation du budget de fonctionnement pour des ASC : élus, méfiez-vous de certains arguments commerciaux !

Faire croire au trésorier du comité d’entreprise, ou du CSE, qu’il peut utiliser son budget de fonctionnement pour régler une dépense se rapportant aux activités sociales et culturelles constitue un vice du consentement justifiant l’annulation du contrat (lire ici).

 

Le CE d’une société absorbée peut transmettre son patrimoine au comité de la société absorbante

En cas de fusion-absorption, le CE de la société absorbante qui hérite du patrimoine du comité de la société absorbée peut agir en justice pour réclamer un rappel de budget dû à ce dernier pour les années antérieures à la fusion-absorprtion. Cette jurisprudence peut être étendue au comité social et économique (lire ici).

 

CHSCT

 

Le CHSCT doit être consulté sur un accord d’entreprise qui constitue un projet important

Le CHSCT doit être consulté et peut nommer un expert lors de la mise en place d’un accord d’entreprise qui a un impact sur les conditions de travail (lire ici).

Des attestations et des courriels de salariés peuvent justifier un risque grave

La Cour de cassation affirme que le CHSCT peut recourir à une expertise risque grave sur le fondement du risque psychosocial subi par des salariés transférés dans un autre établissement. Elle donne aussi des précisions sur la possibilité pour un CHSCT local de recourir à une expertise risque grave pour la mise en oeuvre d’un projet alors qu’une instance de coordination avait déjà diligenté une expertise (lire ici).

Pas de consultation sur le cas individuel de chaque travailleur handicapé

Selon les juges le code du travail n’impose pas à l’employeur de consulter le CE en liaison avec le CHSCT sur le cas individuel de chaque travailleur handicapé en vue de sa mise, remise et de son maintien au travail (lire ici).

 

Droits des salariés

 

La Cour de cassation sauve le barème d’indemnités de licenciement injustifié, de premiers prud’hommes résistent

La Cour de cassation a rendu le 17 juillet dernier ses deux avis, très attendus, sur le barème d’indemnités de licenciement sans cause réelle et sérieuse. Elle estime que les dispositions de l’article L.1235-3 du code du travail ne se heurtent pas à l’article 10 de la convention n°158 de l’OIT, l’organisation internationale du travail. Comme annoncé dès le mois de juin par des juges prud’homaux expérimentés, un mouvement de résistance de certains conseils de prud’hommes apparaît déjà s’organiser (lire ici la décision du CPH de Grenoble).

Discrimination et obligation de sécurité : l’employeur se doit d’intervenir immédiatement

Au titre de son obligation de sécurité, un employeur ne peut pas laisser un salarié aux prises avec un comportement discriminatoire et créant un environnement hostile et humiliant de la part de personnes exerçant une autorité « de fait ou de droit » (lire ici).

Consulter les courriels personnels d’un autre salarié est fautif

S’introduire dans la messagerie professionnelle d’un collègue, en vue de lire des messages identifiés par ce dernier comme personnels, justifie un licenciement. Le salarié fautif ne peut pas se retrancher derrière le fait que l’intrusion dans la boîte mail s’est déroulée en dehors du temps et du lieu de travail (lire ici).

Exposition à l’amiante : les juges étendent la reconnaissance du préjudice d’anxiété

Tout salarié justifiant d’une exposition à l’amiante, générant un risque élevé de développer une pathologie grave, peut désormais agir contre son employeur en vue d’obtenir la réparation du préjudice tenant à l’inquiétude permanente de déclarer une maladie liée à l’amiante. Le manquement à l’obligation de sécurité doit néanmoins être prouvé (lire ici).

En revanche sur un plan pénal, engager des poursuites apparaît plus difficile. Dans les affaires d’Eternit, sur plusieurs sites en France, et de Ferrodo-Valeo, à Condé-sur-Noireau (Calvados), les magistrats instructeurs ont récemment décidé qu’il n’y aura pas de procès pénal (lire ici).

Pour la première fois, des prud’hommes reconnaissent à un salarié le statut de lanceur d’alerte

C’est sans doute l’une des premières applications de la loi Sapin de 2016 sur les lanceurs d’alerte. Le conseil des prud’hommes de Lyon, dans une ordonnance de référé du 17 avril, reconnaît le statut de lanceur d’alerte à un salarié de la SNCF qui avait dénoncé, en tant qu’acheteur, des irrégularités de commande publique (lire ici).

 

Droits des salariés protégés

 

Le plafond de l’indemnité pour violation du statut protecteur du RSS est relevé à 30 mois

Jusqu’ici fixée à douze mois de salaire, l’indemnité due au représentant de la section syndicale (RSS) ou délégué syndical licencié sans autorisation de l’administration, et qui ne souhaite pas être réintégré, est maintenant portée par les juges à un plafond de 30 mois (lire ici).

Statut protecteur : le défenseur syndical doit informer l’employeur de son mandat

Comme les autres salariés titulaires de mandats extérieurs, le défenseur syndical doit informer son employeur de l’existence de son mandat au plus tard avant la notification de l’acte de rupture afin de bénéficier du statut protecteur. L’information obligatoire de l’employeur de cette nomination par la Direccte (direction régionale du travail) ne crée pas de présomption de connaissance du mandat opposable (lire ici)

Si le mandat prud’homal est évoqué en réunion de CE, l’employeur est considéré informé

La direction qui prend connaissance, à l’occasion d’une réunion de comité d’entreprise, de l’existence du mandat prud’homal d’un salarié qu’elle entend licencier, est tenue de s’en rappeler. Et ce, quand bien même le salarié garde le silence sur ses fonctions de magistrat lors de l’entretien préalable au licenciement (lire ici).

L’annulation du mandat syndical n’est pas rétroactive

Pour limiter le risque de représailles patronales, l’annulation du mandat de délégué syndical n’est pas traitée juridiquement comme si le mandat n’avait jamais existé. Il en résulte que si le délégué syndical a exercé ses fonctions pendant un an ou plus, ce dernier reste protégé à compter de la décision de justice d’annulation du mandat (lire ici).

Le salarié qui demande à tort, mais de bonne foi, des élections est protégé

Demander à l’employeur d’organiser des élections professionnelles, alors que l’entreprise emploie moins de 11 salariés, ouvre tout de même droit à une période de six mois de protection contre le licenciement. Sauf si la demande est manifestement dépourvue de tout caractère sérieux (lire ici).

 

Élections professionnelles

 

Périmètre des établissements au CSE : il faut une négociation loyale

La question, parfois essentielle pour les moyens de la représentation du personnel, du nombre et du périmètre d’éventuels établissements distincts du CSE doit faire l’objet d’une tentative loyale de négociation. Ainsi l’employeur ne peut pas imposer, sans échange sérieux préalable avec les organisations syndicales, la création d’un CSE unique (lire ici).

Parité des listes au CSE : l’annulation du mandat tient compte des ratures

Lorsqu’une liste syndicale présentée aux élections professionnelles ne respecte pas les règles de représentation équilibrée des sexes, l’élection des derniers élus du sexe surreprésenté est annulée en partant du bas de la liste. Mais qu’en est-il si un candidat présenté en tête de liste, par application du jeu des ratures, se retrouve élu en dernière position ? La réponse de la Cour de cassation (lire ici).

Pas d’obligation de rechercher une solution amiable avant d’agir en annulation des élections

L’employeur et les syndicats ne pouvant conclure un accord pour se faire juge de la validité des élections professionnelles, matière intéressant l’ordre public, le juge ne peut déclarer irrecevable la requête en annulation de ces élections au motif que les parties n’ont pas recherché de résolution amiable au litige (lire ici).

Transparence financière : l’absence d’approbation des comptes ou de pièces justificatives justifie l’annulation de la liste présentée aux élections

Les comptes des syndicats doivent respecter les obligations comptables imposées par la loi, sous peine d’annulation de la liste de candidatures aux élections pour défaut de transparence financière (lire ici).

 

Fonctionnement du CE/CSE

 

Organisation d’une réunion extraordinaire : seuls les titulaires comptent

Pour la première fois, la Cour de cassation a retenu que la demande d’une réunion extraordinaire du CE ou du CSE doit émaner de la majorité des membres élus ayant voix délibérative, c’est-à-dire des seuls titulaires (lire ici).

Lieu de réunion du CE : l’employeur ne doit pas abuser de sa liberté

La fixation du lieu des réunions du comité d’entreprise (ou du CSE) relève des prérogatives de l’employeur, sauf en cas d’abus dans leur exercice (lire ici).

 

Négociation collective

 

Prime légale abrogée : votre accord collectif a-t-il été dénoncé ?

L’abrogation d’un dispositif légal entraîne-t-elle la caducité immédiate de l’accord collectif le déclinant dans l’entreprise ? Non, répond la Cour de cassation à propos d’un accord portant sur la prime dividende. L’accord non dénoncé continue à produire ses effets au profit des salariés (lire ici).

 

Rôle économique du CE/CSE

 

L’obligation de confidentialité des élus, un outil pour accéder à l’information économique

Pour refuser au comité d’entreprise ou CSE l’accès à des données salariales, impossible pour l’employeur de se retrancher derrière la protection de la vie privée des salariés. L’obligation de discrétion qui s’impose légalement aux élus garantit en principe l’absence de fuite d’informations hors de l’instance (lire ici).

Mode d’emploi de la consultation des élus en cas d’OPA sur une société mère étrangère

En cas d’offre publique d’acquisition (OPA) sur une société mère ayant son siège à l’étranger, la consultation du CSE de la filiale française peut s’imposer. De même qu’elle peut avoir à s’articuler avec la consultation du comité d’entreprise européen s’il existe. Une décision très argumentée de la Cour de cassation fait le point sur cette situation épineuse (lire ici).

Si le volet social du projet de restructuration évolue après l’échec des négociations, un nouvelle consultation s’impose

La mise en œuvre du volet social est suspendue et l’employeur condamné à reprendre la consultation du comité à ce sujet, lorsque le comité a été consulté sur le projet de restructuration mais pas sur son volet social, celui-ci résultant de décisions unilatérales de l’employeur après échec des négociations avec les organisations syndicales (lire ici).

Consultation du CE/CSE : l’employeur doit délivrer toutes les informations exigées par le juge

Dans le cadre d’une consultation, lorsque le tribunal de grande instance établit une liste d’informations à communiquer aux élus du personnel, l’employeur doit exécuter à la lettre la décision de justice. La direction ne peut pas faire le tri dans les documents qui seront transmis (lire ici)

Toute modification du règlement intérieur de l’entreprise ne nécessite pas une consultation du CSE

L’employeur n’a pas à consulter le comité social et économique en cas de modification du règlement intérieur de l’entreprise sur ordre de l’inspecteur du travail (lire ici).

 

Syndicats

 

En cas de désaffiliation syndicale, la fédération reprend la main sur les désignations

Lorsqu’un syndicat se désaffilie de la confédération qui lui a permis de gagner sa représentativité, la légitimité électorale reste du côté confédéral. Une nouvelle désignation par la fédération vaut donc révocation du mandat syndical antérieur à la désaffiliation (lire ici).

Deux syndicats affiliés à la même confédération qui ont présenté des listes distinctes dans deux collèges différents ne sont pas concurrents

Lorsque deux syndicats affiliés à la même confédération représentative au niveau national présentent des listes de candidats dans deux collèges différents, ils ne sont pas considérés comme concurrents et distincts. Ils peuvent donc faire valoir, ensemble, qu’ils répondent aux conditions permettant de désigner un délégué syndical supplémentaire dans l’entreprise. Une décision en faveur de l’unicité de représentation syndicale (lire ici).

Le Conseil d’Etat valide la procédure du référendum dans les TPE

Contestées par quatre organisations syndicales, les modalités très unilatérales d’organisation par l’employeur du référendum dans les TPE (très petites entreprises) n’en demeurent pas moins respectueuses des libertés syndicales. C’est que retient la Haute juridiction administrative (lire ici).

 

Retrouvez les cahiers de jurisprudence des DP

À destination de nos lecteurs délégués du personnel, membres du CSE ou représentants de proximité, retrouvez ici notre sélection d’arrêts publiés au premier semestre 2019 et pouvant aider à l’exercice de votre mandat :

Source – Actuel CE